Actualisé le 13 01 2023.
Il serait civilisé que ceux qui puisent dans cet article, pour publication lucrative ou pas, aient le savoir vivre soit d’indiquer leur source soit de faire un lien, merci.
Cabanes de bergers en pierre sèche.
ATTENTION
Pénétrer dans une cabane c’est souvent s’introduire chez les chiroptères. Soyez furtifs particulièrement entre la Toussaint et le jour du muguet au risque de signer l’arrêt de mort en réveillant ces mammifères en pleine hibernation. Leur présence n’est pas contenue à la susdite période.
Bories ou capitelles selon les régions mais pas en 66, dans les Pyrénées Catalanes, barraca, orry pour l’entité barraca et enclos alentour lui même ceint de murets en pierre sèche. Plus simplement cabanes en Fenouillèdes et dans l’Aude. A Prats, à nôtre connaissance le catalan orry et le languedocien òrri n’y sont pas en usage et pour cause, ces constructions n’ont pas eu de vocation fromagère. La désignation sentier des capitelles de Cassagnes ne s’accorde qu’avec la vente d’un vin censé être capiteux de l’appellation CDR Villages Cassagnes, préférable à cabanes à la connotation pouvant paraître dépréciative. En schiste , calcaire , granite, elles sont communes dans nos contrées, par centaines autour de Prats de Sournia et limitrophes. Le GR 36 au nord de Sournia, le GRP Tour du Fenouillèdes et leurs deux variantes balisées en jaune, permettent d’en découvrir de remarquables qui se distinguent par leurs dimensions.
On retiendra deux modèles, en premier lieu les plus vastes en galerie avoisinant jusqu’à 30 m² de surface utile. Généralement encastrées dans la pente sinon adossées au mur de soutènement de la terrasse dite ici faissa, à la toiture plane en lauzes juxtaposées recouvertes d’une mince épaisseur de terre. Elles comprennent fréquemment deux espaces distincts, il convenait d’écarter les agneaux afin qu’ils ne soient pas piétinés. Concentrées sur la jonction terrasses de culture avec les alpages, sans exclusive puisque il en est de visibles dans les oliveraies délaissées telle que la photo suivante. Celle en introduction, cabane de la Pelada sur le PR Tour des cabanes.
Surface utile au sol du local principal :
- Longueur de 7 m à 10 m et plus,
- largeur 2.30 m à 3.30 m.
- hauteur : 1.60 à 2.70 m.

Celles appartenant au second type sont les plus répandues. Elles sont extérieurement soit de plan carré, soit circulaires avec une toiture comme pré – cité ou en coupole en principe peu prononcée . La voûte est en encorbellement, si vous préférez les dalles sont imbriquées en écaille de poisson, ces cabanes sont de dimensions plus modestes, elles peuvent abriter un tineil / » Gourgue « , plus exceptionnellement une source. Elles sont logées dans les murs cantonnant les drailles, délimitant la jasse, le pàtus sinon sur les surfaces » Planes » édifiées de préférence sur un tas d’épierrement ou un affleurement de rochers, tous les côtés sont alors apparents. A l’intérieur c’est le plan en ovale qui est le plus souvent rencontré, l’entrée est implantée soit à la jonction des ellipses soit à mi – longueur de l’une. Certes plus modestes mais pour une part non négligeable les dimensions sous cloche vont jusqu’à 3,00 m / h ou +/- 4,00 m / L quand même !
A Prats pas de cheminée incorporée, celles dotées d’une niche sont minoritaires, il est d’ordinaire nécessaire de se courber pour y pénétrer sans se heurter aux linteau, rêveurs attention bosses assurées à 1.20 / 1.50 h. Il peut arriver que le linteau ne soit pas plus élevé que vôtre ceinture ( Photo suivante ). C’est la seule ouverture hormis une ou deux fentes de lumière éventuellement. Sauf exception sur les bacs, l’entrée est orientée au sud, sud – Est.
Plus accessoirement elles peuvent être implantées en un recoin de terrasse sis en belvédère dominant un ravin, un escarpement, ces derniers édifices ont un espace disponible vite visité, pour au plus trois personnes du genre contorsionnistes. Quelquefois, que la parcelle soit large ou pas le bâti est en surélévation du mur de soutènement de la terrasse d’où la présence de marches.
Prats comme Derc village disparu à l’entrée de la Clue de la Fou fut une étape sur une importante voie de transhumance. Beaucoup se souviennent de la halte nocturne des moutons aux abords de la coopérative. Ce qui pourrait expliquer la relative abondance de ces constructions au voisinage de la carrerasse.
Leur lointaine origine pastorale est contestée, elle ne paraît pas être la règle absolue :
- Les constructions remonteraient au XVIII è. siècle ou ultérieurement, des dates gravées en témoignent. Afin d’enrayer l’extension des terres incultes, la royauté décida d’exonérer d’impôts pendant 15 ans tout paysan qui remettrait en culture des champs abandonnés depuis 40 ans et plus. Ce fut une opportunité à saisir par les plus démunis qui purent ainsi acquérir des propriétés en ces temps de presque surpopulation. Pic démographique lors de la première moitié du XVIII è. avec 106 feux.
- En 1848 la IIè République à peine instaurée, décréta le partage des communaux. Le morcellement induit est à l’origine de diverses édifications, nombreux linteaux datés des décennies suivantes.

Un sentier de randonnée sur ce thème au départ de Prats de Sournia, le Tour des cabanes, désigné dans un premier temps S. panoramique des cabanes, un point de vue amplement justifié s’agissant du Balcon du Fenouillèdes.
MAIS C’EST PAS TOUT. Ce petit village étonnamment dynamique mérite une escapade à bien des égards. Retenons en complément des différents articles et sans exhaustive :
- Sa diversité botanique à dominante méditerranéenne avec influences montagnardes et océaniques. Des oliviers productifs à 650 m d’altitude cohabitent avec la hêtraie-sapinière. Laquelle enchâsse en son écrin un hêtre totémique des plus vénérables de la région, la circonférence de son tronc est supérieure à 3.50 m. A voir l’article des hêtres remarquables & l’article de Krapo Arboricole, Le Fajas d’en Baillette.
- Ses orchidées : pas moins de 11 genres sont observables, déclinés en de multiples espèces, toutes protégées. Ne pas les cueillir, ni les arracher. Une éventuelle transplantation serait obligatoirement vouée à l’échec, leurs racines vivent en symbiose avec des champignons mutualistes ou mycorhizogènes spécifiques à leur biotope.
- Inventaire des plantes déterminantes et patrimoniales locales sur l’article Flore Patrimoniale, partiel et par abstraction des orchidées. Diaporamas, relevés botaniques, publications SMBCN, Société Mycologique et Botanique de Catalogne Nord.
- L’abondance du grand gibier, le sanglier ici aussi et le chevreuil tellement qu’il faudrait le faire exprès pour ne pas en observer au cours de vôtre randonnée.
- Enfin nous ne saurions trop vous recommander de conclure votre escapade par une pause au Bar – Piscine, Informations pratiques.






Galerie : Caractéristiques mentionnées sur l’album où ces photos sont plein écran dans un choix élargi.
Bac ou Ubac : Versant nord ou à l’ombre. A l’opposé de adrét, Adrech, soulane, solanalh.
Jasse : La bergerie ou espace herbeux abrité par le relief, pouvant être ceinturé de murets et destiné à parquer les ovins pour la nuit. Un jas désigne l’endroit où le gros gibier se couche.
Lauzes : Pierres plates à allure de dalles. Ici en schiste noir et localement en calcaire métamorphisé sur l’aplomb de la faille nord-pyrénéenne.
Pàtus : L’enclos. Au XVIe siècle habitation ruinée par fait de guerre ? Sur l’Alibèrt : Patis, pacage, préau, cour intérieure, basse cour…
Tineil : Phonétique de l’occitan Tinèl . Citerne maçonnée collectant les eaux de ruissellement , utiles pour des arrosages d’appoint et surtout à la préparation des bouillies de pulvérisation.
Pour en savoir plus :
SITE jumeau complémentaire sur Fenouillèdes.fr
SITE PARTENAIRE Commune de Prats – Association Tour et Patrimoine.
Étymologies : 4 liens en fin d’article Toponymes.
La Corbière Catalane aux 17 ème et 18 ème siècle. Philippe Coquin aux éditions Lacour 2006.
Le blog Pèlerins du Fenouillèdes.
- – Il n’y a pas que les hêtres qui sont remarquables à Prats, J. Carcasona – Llaury.